Page:Raynaud - Chairs profanes, 1888.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 37 —


Celles-ci pleureront des larmes, pauvres Anges
Ânonnant à côté leurs vêpres longuement,
Qu’ils culbutèrent dans le foin âcre des granges
Pleines d’un relent capiteux de fleurs étranges,
Alors que génésique, en eux, gronde un ferment.

Celles-ci pleureront des larmes combien viles !
Quand un beau jour les deux mains en ombre à leur front
Sur la route qui va se perdre, elles verront
Boiter au loin leur pas alourdi vers les villes
D’où ne leur viendra plus que le chant des clairons.

..................

Dans ces faces qu’empourpre une ivresse bénigne
Un rire s’ouvre au long des bouches, sur les dents
Blanches, un rire doux, fleur tendre de la vigne
Où le vin lascif comme un bélier se signe
Lui, qui fait luire entre les cils, les yeux ardents.

Or tandis qu’au-dessus des têtes, la fumée
Meut des ciels vaporeux dans la salle animée,
Eux se disent, voyant à terre s’élargir
L’ombre étroite que font les oiseaux des ramées,
Que les vêpres qu’on chante à côté vont finir.