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APOTHÉOSE

À Jean Lorrain


Hors des potiches d’eau lunaire et diaphane,
Comme les seins voluptueux d’Agathe, hors
Les dentelles de son corsage épinglé d’ors,
La chair des roses triomphales se pavane.

Moi, je rêve dans leur pourpre qui ne se fane
Pendant que bellement s’y marie, en accords
Fantasques, comme un air de flûte avec des cors,
L’azur que meut par l’air tiède, mon fin havane.

Mais, déjà, dans la tête, un vin de Grave en feu
Et le soleil de la fenêtre, en plein ciel bleu,
Je sens me sourdre à l’âme une indicible gloire ;

Quand la fumée avec les roses et le jour
Splendide avec le vin, s’enviant mon amour
Mon cœur ne sait à qui dédier la victoire.