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III

DRAGON

Très fier du bruit de ferraille qu’aux environs
Fait le sabre qu’il traîne en sa marche pesante,
Par ce soir de lueur indécise, il arpente
L’esplanade où le gaz luit sous les brouillards blonds.

La mine, aux fantassins qu’il rencontre, insolente
Il va, toujours son bruit de ferraille aux talons.
Mais d’une allure très incertaine, un peu lente,
Vague, dès qu’il se sent suivi de regards longs.

Lors, ses yeux que le casque estompe d’ombres molles
Ont des clignements malicieux aux paroles
Que lui murmure une ombre en jupes qui le suit.

Et comme il n’eut jamais de scrupules sévères,
Dans un estaminet louche où l’on boit la nuit,
Très aimable, il se laisse offrir des petits verres.