Page:Raynaud - Chairs profanes, 1888.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

V

Dans la campagne où l’Heure éclatante et vermeille
Projette l’ombre des hauts peupliers frileux,
Non loin des champs de blés doucement onduleux
Que la pourpre des coquelicots ensoleille,

Un Faune, où se suspend un gai décor de treille,
Rit dans sa barbe marmoréenne aux aveux
Que, nue, et dans l’or épars de ses longs cheveux,
La jeune Amaryllis lui confie à l’oreille.

Excepté qu’un peu d’eau fait un frissonnement
Sur la mousse, rien ne remue à ce moment ;
C’est Midi, sa langueur torpide avec ses fièvres.

Et la belle qui vient d’avouer son amour
Saisissant avec ses deux bras le Faune, autour
Du cou, tout en riant, se renverse à ses lèvres.