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CHARLES BAUDELAIRE

tions. lions. Baudelaire estime qu’un Vautrin, un Rastignac égalent les héros de l’Iliade et qu’il n’y a pas de lecture plus captivante, plus riche en éléments d’intérêt, que celle des Faits Divers et de la Gazette des Tribunaux. « La vie parisienne, affirme-t-il, est féconde en sujets poétiques et merveilleux. Le merveilleux nous enveloppe et nous abreuve comme l’atmosphère, mais nous ne le voyons pas. » Lui a su voir. Il a senti l’âme de Paris, violente et tourmentée. Il a senti la poésie acide des faubourgs et montré, comme dit Anatole France, ce qu’il y a de noble encore dans un chiffonnier ivre.

Ici se manifeste la sensibilité de Baudelaire. Sous ses allures cinglantes de dandy, il cache un cœur compatissant. Ses lettres nous ont révélé le sentimental qu’il se défend d’être. Telle pièce des Fleurs du Mal, comme :

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse…

ne déborde-t-elle pas d’une généreuse pitié ? On lui a reproché, comme un signe de sécheresse de cœur, son dédain de la campagne et des paysages frissonnants. C’était une attitude, une conséquence de sa théorie dandyste qui veut tout soumettre à la loi de l’ordre et qui ne souffre pas d’irrégularité, même chez le végétal. Ce que Baudelaire dit de