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CHARLES BAUDELAIRE

fils de chanvre, c’est son temps qui les lui fournit, sans qu’il y songe.

De même Claudel s’étonne de trouver chez Baudelaire « un extraordinaire mélange du style racinien et du style journaliste de son temps ».

C’est qu’on ne respire pas impunément une atmosphère contaminée. Il est difficile de garder l’équilibre sur un sol instable. À vouloir fuir la sentimentalité niaise, le style bâclé, le genre trivial à la mode, à vouloir trop se méfier du bon sens, Baudelaire en vient à rechercher le bizarre, l’étrange, l’anormal et à en faire les conditions essentielles du Beau. Pour protester contre la platitude d’un régime égalitaire, d’une société de niveau, sans relief, il en vient à outrer sa conception du dandysme aristocratique jusqu’à faire de Satan le dandy par excellence et jusqu’à ne vouloir plus « parler au peuple que pour le bafouer ».

C’est donc par dandysme, c’est-à-dire par haine des mœurs et des institutions démagogiques, que Baudelaire affectera de railler et de blasphémer.

§

Baudelaire n’était ni un sceptique ni un athée ? c’était un souffrant, « Produit contradictoire » (le mot est de lui) d’un vieillard et d’une jeune femme qui s’était laissé marier par intérêt et, probablement, non sans quelque répugnance, la dis-