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PLUIE D’AUTOMNE


Qu’est devenue, Été, ta gloire ensoleillée ?
Vois pourrir dans l’étang ton reste de feuillée,
Rien n’a gardé mémoire ici de tes reflets,
Et partout, c’est l’ennui d’une plaine rouillée
Où la pluie ample et drue a tendu ses filets.

La Terre dépouillée aujourd’hui des verdures
Où Messidor, hier, allumait ses tisons,
Le cuir ridé d’avoir gesté tant de moissons,
Avec tout ce que l’Homme y fit d’entailles dures,
Nue et vide, s’en va rejoindre l’horizon.

L’azur qu’exile au loin, océan de tristesse,
La pluie envahissante aux mobiles réseaux,
Ne sait plus que jadis y vibrait d’allégresse,
À chaque aube nouvelle, un cantique d’oiseaux,
Ni que sa fête, au soir, incendiait les eaux.