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Que me veux-tu ? Pourquoi d’un accès de tempête
Viens-tu forcer ma quiétude et l’étourdir ?
Ce que tu nous promets, tu ne le peux tenir !
Laisse-moi regagner ma paisible retraite
Où, sur un livre ami, ma lampe veut fleurir.


III


 J’ai vu, cieux pardonnez ! ta face décevante,
Ta face véritable aux traits décomposés ;
J’ai surpris, sous les fleurs, ta détresse béante
Et démasqué — j’en tremble encore d’épouvante —
Le reptile assassin qui loge en tes baisers !

C’était, dans la banlieue où sonnait l’orgie âcre
Et le bruit aviné de rixe des rouliers ;
Sur la berge déserte, aux sinistres piliers,
Tandis que j’écoutais, ta fureur de massacre,
Saoûle enfin, laissa choir son aveu meurtrier.

Et depuis je t’exècre, ô bouche sanguinaire,
Insatiable, ô pourvoyeuse de la Mort,
Blessure envenimée ouverte au flanc des forts,