« C’est l’âge d’or qu’au bout des temps je voyais luire,
« L’étreinte universelle et le bonheur humain,
« La foule à mes leçons refusant de s’instruire
« S’est d’un Éden possible interdit le chemin.
« L’agneau s’offrait. Nul n’a voulu du sacrifice.
« À son vomissement le monde est retourné ;
« Il se rue au mensonge, au meurtre, à l’injustice,
« Une nouvelle fois, le crime est consommé,
« Qui parle encore ici de Salente promise ?
« Nous n’atteindrons jamais au ciel : il est trop loin ! »
Ainsi se désolait la pauvre et vieille église,
Tandis que l’ombre accrue envahissait les coins.
J’écoutais, prosterné, mais la voix s’était tue,
Et, seul, un long sanglot disait son désespoir ;
Quand je me relevai, la nuit était venue
Et le vitrail éteint n’était plus qu’un trou noir.
Église de Dracé. Août 1917.
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