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Pour mieux dire, imagine un vase de cristal
Qui frémit au toucher d’une voix nette et pure,
Mais qui demande un soin constant et virginal,
Tant il s’enroue à la première égratignure.

Choisis dans le Musée un marbre consacré,
Que ta chair malléable en reçoive l’image.
Nourris-en ta ferveur et, degré par degré,
Cherche à lui ressembler chaque jour davantage.

Le trait rectifié fait naître une vertu,
La raison s’ennoblit d’une ligne épurée,
Ce que le muscle obtient d’un labeur assidu
Se reflète dans l’âme en puissance éthérée.

Ton corps est un dépôt que tu reçus des dieux,
Tu le dois à ta race, à ta patrie, au monde ;
Y laisser s’implanter le Mal insidieux,
C’est détruire l’espoir où l’avenir se fonde.

Les générations qui dorment dans ton sang,
Et qui, sous ton écorce, y méditent leur course,
Crains d’en rendre à jamais le mérite impuissant
Et d’en empoisonner le fleuve dans sa source.