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Tout l’ensemble frémit d’un noble emportement ;
On dirait d’un navire enflammé d’énergie,
Lancé pour conquérir un nouveau Firmament,
Toutes voiles dehors, sur la mer élargie !

Ô chef-d’œuvre éclatant devant qui tout s’éteint,
Que pèse à ton regard tout ce que l’on renomme
De trésors, de joyaux, de villes, de jardins,
Que pèse un Astre même au prix du corps de l’Homme ?

Et toi, prends conscience ici de ta Beauté,
Jeune homme, et de ton or reste ébloui toi-même,
Mais que ce soit, pour mieux féru de volonté,
L’accroître et le conduire à son éclat suprême !

N’écoute pas le sot privé de jugement
Ni l’être timoré qu’un scrupule imbécile
Pousse à dire : « L’Esprit importe seulement ! »
L’esprit sain ne fleurit que d’une saine argile.

Cultive ta paroi comme on fait d’un verger,
Que l’herbe parasite y soit anéantie,
Afin qu’à flot multiple on voie un jour ployer
De fruits miraculeux ta branche appesantie.