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Affrontez le prodige inouï de la Chair
Vivante, autre soleil à la flamme éblouie.
Voici le front hardi, les yeux chargés d’éclairs,
La bouche armée et la narine inassouvie.

Voyez l’air de défi qui sort du cou fumant,
Les remous écumeux de la crinière noire,
La souplesse du torse et le rayonnement
De la poitrine au double entablement d’ivoire.

Voyez les bras noueux, formidables étaux,
Faits pour étreindre ou pour agir dans la mêlée,
Et la cuisse exercée à dompter les chevaux,
Et les genoux par qui la Terre est ébranlée.

Admirez le relief et les câbles d’airain
De l’épaule où l’Éther appuie et tord ses ondes,
L’impulsion ailée et le branle sans fin
Des pieds, électrisés d’une ardeur vagabonde.

Les mots ne comptent plus. Je chante en liberté.
Voici le flanc, réplique exacte de la lyre,
Où, réservoir de Force et clé d’Éternité,
Le Pouce créateur établit son Empire !