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Vous êtes l’Évangile où je m’applique à lire.
J’écoute au fond des bois votre oracle jeté ;
À qui vous considère, en votre obscurité,
Il semble à chaque instant qu’une étoile va luire,
Et l’âme suspendue attend que se déchire
Le voile impénétrable où gît la vérité.

Vous rappelez aux cœurs assoiffés d’aventure,
Que l’ornement du monde en couvre l’imposture,
Le Sage, comme vous, sans changer d’horizon,
S’éblouit du désir où tout se transfigure,
Et voit de l’univers, qu’il recrée à mesure,
Glisser l’image en rêve aux murs de sa prison.


VI


Forêts, pleines de nuit, de rêve et de silence,
Enseignez-moi la plus utile des vertus,
Mais la plus difficile aussi : la Patience.
Quand vous m’ôtez du bruit des gens, je ne sens plus
Mes émois insurgés me faire violence
Et j’épouse la paix des âges révolus.