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Vous formez des châteaux la pompeuse avenue,
Où l’Histoire fulgure en poussière, au lointain ;
Toujours sonne à votre ombre une flûte ingénue,
Et l’Idylle y soupire en robe de satin.
C’est le nom de Watteau que clame, sous la nue,
Des jets d’eau balancés le murmure argentin.

Ovide, redis-nous comment vit sous l’écorce
Et se métamorphose un long peuple d’amants,
Dis-nous comment la branche emprisonne un beau torse.
Est-il poète, au sein des éblouissements
De l’Été, s’il étreint une tige avec force,
Qui n’ait parfois d’un cœur senti les battements ?


III


 
Je songe au pommier d’Ève, à Dodone, à son chêne,
À celui qui rendait la justice à Vincennes,
Au palmier de Moïse exposé sur les eaux,
Au lys de Salomon dont l’Écriture est pleine,
À ce pin que Ronsard plante en l’honneur d’Hélène,
À ce hêtre où Tityre essaye ses roseaux.