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Je m’assis à ton ombre et j’usais l’heure brève
À voir se peupler l’air de formes de clarté :
L’Olympe s’éveillait. Ce n’était pas un rêve,
Mais la réalité.

J’ai vu Cyprine, un soir, comme je vois la haie
Que le train de ceinture émeut de son fracas ;
J’ai senti sa présence odorante, aussi vraie
Que la vôtre, ô lilas !

J’ai vu Phœbus, dieu jeune, à l’ardente crinière.
Sous la voûte des bois, j’ai vu, même, un matin,
Diane nue aux mains des nymphes chambrières
Qui l’essuyaient du bain.

J’ai vu Pan révéré dans son rustique empire,
Silène, débouchant d’un enclos maraîcher,
Que sa lourde bouteille élargissait d’un rire,
Et faisait trébucher.

J’ai vu fuir la Naïade aux tresses dénouées
Et le Satyre espiègle, aux bonds de chèvre ardents,
Cueillir, au point du jour, les pommes embuées,
Pour y planter ses dents.