Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

mêmes ; contre la nature qui vous accuſe ; contre la terre qui vous confond ; contre le Dieu même que vous invoquez pour témoin de vos impoſtures, pour garant de vos injuſtices ! Prophètes à venir, tyrans de nos neveux ! puiſſent ces lignes, que la vérité inſpire à l’écrivain qui vous parle d’avance, durer aſſez long-tems pour vous démentir !

Sans doute il eſt important aux générations futures, de ne pas perdre le tableau de la vie & des mœurs des ſauvages. C’eſt, peut-être, à cette connoiſſance que nous devons tous les progrès que la philoſophie morale a fait parmi nous. Juſqu’ici les moraliſtes avoient cherché l’origine & les fondemens de la ſociété, dans les ſociétés qu’ils avoient ſous leurs yeux. Suppoſant à l’homme des crimes, pour lui donner des expiateurs ; le jettant dans l’aveuglement pour devenir ſes guides & ſes maîtres, ils appelaient myſtérieux, ſurnaturel & céleſte, ce qui n’eſt que l’ouvrage du tems, de l’ignorance, de la foibleſſe ou de la fourberie.

Mais depuis qu’on a vu que les inſtitutions ſociales ne dérivoient ni des beſoins de la