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ſerre plus marécageuſe, devoient infecter juſqu’à la racine, tous les germes, ſoit de la ſubſtance, ſoit de la multiplication des hommes. Il a fallu des ſiècles pour que la population pût renaître & ſe refaire de ſes pertes ; & plus de ſiècles encore pour que la terre, deſſéchée & praticable, ouvrît ſon ſein à la fondation des édifices, à la culture des champs. L’air devoit ſe purifier, avant que le ciel s’épurât ; & le ciel redevenir ſerein, avant que la terre fut habitable. L’imperfection de la nature en Amérique, ne prouve donc pas la nouveauté de cet hémiſphère, mais ſa renaiſſance. Il a dû ſans doute être peuplé dans le même tems que l’ancien ; mais il a pu être ſubmergé plus tard. Les grands oſſemens foſſiles qu’on déterre dans l’Amérique, annoncent qu’elle a poſſédé autrefois des éléphans, des rhinocéros & d’autres énormes quadrupèdes dont l’eſpèce a diſparu de cette région. Les mines d’or & d’argent qui s’y découvrent preſque à fleur de terre, atteſtent une révolution du globle très-ancienne, mais poſtérieure à celles qui ont bouleversé notre hémiſphère.