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le généreux Henri toucha l’âme de ſes ſujets. En pleurant ſur leurs maux, il leur apprit à les ſentir. Il leur rendit les doux penchans de la vie ſociale, leur ôta les armes des mains, & les fit conſentir à vivre heureux ſous ſes loix paternelles.

Alors la nation tranquille & libre ſous un roi en qui elle avoit confiance, conçut des projets utiles. On s’occupa de la formation des colonies. Les premières idées devoient ſe tourner naturellement vers la Floride. À l’exception du fort Saint-Auguſtin, autrefois conſtruit par les Eſpagnols, à dix ou douze lieues de la colonie Françoiſe, les Européens n’avoient pas un ſeul établiſſement dans ce vaſte & beau pays, On n’en craignoit pas les habitans. Tout annonçoit ſa fertilité. Il paſſoit même pour riche en mines d’or & d’argent ; parce qu’on y avoit trouvé de ces métaux, ſans ſoupçonner qu’ils venoient de quelques vaiſſeaux, jettés ſur les côtes par le naufrage. Le ſouvenir des grandes actions que quelques François y avoient faites, ne pouvoit pas encore être effacé. Il eſt vraiſemblable qu’on craignit d’aigrir l’Eſpagne, qui n’é-