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pouvoit préparer de la morue verte, qui auroit fait ſeule une excellente branche de commerce.

En bornant les colons de Saint-Jean à l’agriculture, on les privoit de toute reſſource dans les années, trop fréquentes, où la moiſſon étoit dévorée ſur pied par les mulots & les ſauterelles. On réduiſoit à rien les échanges que la métropole pouvoit & devoit faire avec ſa colonie. Enfin on arrêtoit la culture même qu’on vouloit favoriſer, par l’impoſſibilité où l’on mettoit les habitans d’acquérir les moyens de l’étendre.

L’iſle ne recevoit annuellement d’Europe, qu’un ou deux petits bâtimens qui abordoient au port la Joie. C’eſt Louiſbourg qui fourniſſoit à ſes beſoins. Elle les payoit avec ſon froment, ſon orge, ſon avoine, ſes légumes, ſes bœufs & ſes moutons. Un détachement de cinquante hommes veilloit à ſa police, plutôt qu’à ſa sûreté. Celui qui étoit à leur tête dépendoit de l’Iſle-Royale, qui relevoit elle-même du gouverneur du Canada. Cet adminiſtrateur commandoit au loin ſur un vaſte continent, dont la Louyſiane formoit la portion la plus intéreſſante.