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tions, & réduiſirent les plus grandes puiſſances de l’Europe à la honte de leur faire des préſens annuels, qui, ſous quelque nom qu’on les déguiſe, ſont un vrai tribut. On a quelquefois puni, quelquefois humilié ces pirates : mais on n’a jamais arrêté leurs brigandages. Rien ne ſeroit pourtant plus facile.

Les Arabes errans dans les déſerts ; les anciens habitans du pays qui cultivent les campagnes ; les Maures ſortis d’Eſpagne, la plupart fixés ſur les côtes ; les Juifs qu’on mépriſe, qu’on opprime & qu’on outrage : tous les peuples de ce continent déteſtent le joug qui les accable & ne feroient pas le moindre effort pour en maintenir la continuité.

Nul ſecours étranger ne retarderoit d’un inſtant la chute de cette autorité. La ſeule puiſſance qu’on pourroit ſoupçonner d’en déſirer la conſervation, le ſultan de Conſtantinople, eſt trop peu content du vain titre de protecteur qu’on lui accorde, & n’eſt pas aſſez jaloux de celui de chef de la religion qu’on lui attribue, pour y prendre un vif intérêt. Il lui ſeroit inutilement inſpiré, par les déférences que les circonſtances arra-