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Indépendamment d’une ſi grande armée, toujours entretenue, le gouvernement peut diſpoſer, s’il en eſt beſoin, des Maures de la plaine & de ceux des montagnes. Les uns & les autres ſe rendent ſans répugnance ſous les drapeaux, & fondent ſur l’ennemi avec beaucoup d’audace.

Les forces de mer n’approchent pas des forces de terre. Au tems où nous écrivons, elles ſe réduiſent à dix-ſept bâtimens : un vaiſſeau de cinquante canons, deux frégates de quarante-deux & de trente-quatre, cinq groſſes barques, deux chebecks, quatre demi-galères & trois galiotes. Pluſieurs de ces bâtimens, tous deſtinés à la piraterie, appartiennent à l’état ; d’autres aux officiers de la régence ; quelques-uns même à de ſimples citoyens. Chaque propriétaire fait les frais de ſon armement, & en partage les bénéfices avec le fiſc & l’équipage. Ordinairement le dey ſe fait livrer les priſes qui conſiſtent en bois de conſtruction & en munitions de guerre. Il devroit en payer la valeur : mais jamais le dédommagement n’eſt proportionné au ſacrifice.

Les navigateurs, auxquels le pays d’Alger