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dans ce port qu’elles rapportoient le fruit de leurs pirateries ſans ceſſe répétées. Peu-à-peu, le canal qui conduiſoit de la rade à la ville, s’eſt rempli de vaſe, & il n’eſt maintenant acceſſible que pour des ſandals. Les bâtimens, même marchands, n’y peuvent plus entrer, & ils ſont réduits à jeter l’ancre dans un mouillage aſſez dangereux.

Port-Farine, ſitué ſur les ruines ou dans le voiſinage de l’ancienne Utique, étoit autrefois & ſeroit encore ſous un autre gouvernement que celui des Maures, un des ports les plus vaſtes, les plus sûrs, les plus commodes de la Méditerranée. Il eſt défendu par quatre forts & fermé par une paſſe étroite, à peine ouverte dans ce moment aux plus petits navires, & qui, ſi l’on continue à la négliger, ſera dans peu tout-à-fait comblée par les ſables que la mer y jette continuellement. C’eſt pourtant l’arſenal & le ſeul aſyle de la marine malitaire, aujourd’hui réduite à trois demi-galères & à cinq chebecks. À quelques milles de cette ville eſt la place qu’occupa Carthage. Les débris d’un grand aqueduc & quelques citernes aſſez bien conſervées : c’eſt tout ce qui reſte d’une