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ſider au ſénat & de commander l’armée. Le ſénat gouvernoit dans l’intervalle d’une diète à l’autre. Celle-ci composée du clergé, de la nobleſſe & du tiers-état, décidoit de toutes les grandes affaires.

Quoique cette conſtitution offre l’image de la liberté, rien n’étoit moins libre que le Danemarck. Le clergé avoit perdu toute influence depuis la réformation. Les bourgeois n’avoient pas encore acquis aſſez de richeſſes pour ſe donner de la conſidération. Ces deux ordres étoient écrasés par celui de la nobleſſe, toujours rempli de cet eſprit féodal qui ramène tout à la force. La criſe où l’on ſe trouvoit n’inſpira à ce corps ni la juſtice, ni la modération dont il avoit beſoin. Le refus qu’il fit de contribuer aux charges publiques en raiſon de ſes poſſeſſions, aigrit les autres membres de la confédération. Mais au lieu d’exterminer une race orgueilleuſe, qui prétendoit jouir des avantages de la ſociété ſans en partager le fardeau, ils ſe réſolurent à une ſervitude illimitée, & allèrent eux-mêmes préſenter leurs mains à des chaînes dont on n’auroit jamais osé, dont on eût peut-être inutilement tenté de les charger par la violence.