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l’ingratitude d’un ſol qui ne lui fournit rien de ce qu’exige le beſoin abſolu de tous les jours. Sans richeſſe qui lui ſoit propre, ſes magaſins, aujourd’hui pleins de marchandiſes étrangères, demain ſeront vuides ou reſteront ſurchargés, lorſqu’il plaira aux nations, ou de ceſſer de leur en fournir, ou de ceſſer de leur en demander. Exposés à toutes ſortes de diſettes, ſes habitans ſeront forcés de s’expatrier ou de mourir de faim ſur leurs coffres-forts, ſi l’on ne peut les ſecourir ou ſi l’on leur refuſe des ſecours. S’il arrive que les peuples s’éclairent ſur leurs intérêts, & ſe réſolvent à porter eux-mêmes leurs productions aux différentes contrées de la terre, & à en rapporter ſur leurs vaiſſeaux celles qu’ils en recevront en échange, que deviendront des voituriers inutiles ? Privée des matières premières, dont les poſſeſſeurs ſont les maîtres de prohiber l’exportation ou de les porter à un prix exorbitant, que deviendront ſes manufactures ? Soit que la deſtinée d’une puiſſance dépende de la ſageſſe des autres puiſſances, ou qu’elle dépende de leur folie, elle eſt preſque également à plaindre. Sans la découverte du Nouveau-Monde, la Hollande ne