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par-tout des traces ineffaçables. Ce n’étoient pas ſeulement les peuples qui étoient exposés à des rapines perpétuelles : l’oppreſſion s’étendoit ſur les troupes, quoique toutes Ottomanes. Ces ſoldats, plus diſposés à faire des injuſtices qu’à les ſupporter, repréſentèrent à la Porte que les Maures & les Arabes, aigris par des actes répétés de tyrannie, étoient à la veille de ſe révolter ; que l’Eſpagne, de ſon côté, ſe diſpoſoit à une invaſion prochaine ; & que l’armée, incomplète & mal payée, n’avoit ni le pouvoir, ni la volonté de prévenir ces événemens fâcheux. On ne voyoit qu’un moyen efficace pour ſe garantir de tant de calamités : c’étoit un gouvernement particulier, qui, ſous la protection du sérail, & en lui payant tribut, pourvoiroit lui-même à ſa conſervation & à ſa défenſe. Le plan proposé fut adopté, après quelques difficultés. Alger, Tunis, Tripoli, reçurent la même légiſlation. C’eſt une eſpèce d’ariſtocratie. Le chef qui, ſous le nom de dey, conduit la république, eſt choiſi par la milice, qui eſt toujours Turque, & qui compoſe ſeule la nobleſſe du pays. Il eſt