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deſtinés à garantir les cultures des incurſions des nègres fugitifs.

Malgré tant d’impoſitions, malgré l’obligation de payer l’intérêt de 77 000 000 liv. la colonie étoit floriſſante dans le tems où ſes productions avoient un débit sûr & avantageux. Mais lorſque le café a perdu dans le commerce la moitié de ſon ancien prix, tout eſt tombé dans un déſordre extrême. Le débiteur devenu inſolvable, s’eſt vu chaſſer de ſa plantation. Le créancier, même le plus impitoyable, n’a pas retrouvé ſes capitaux. L’un & l’autre ont été ruinés. Les cœurs ſont encore aigris, les eſprits ſont abattus ; & il eſt difficile de prévoir à quelle époque renaîtront la concorde & l’activité. Voyons quel a été, dans cette fatale criſe, le ſort de Berbiche.

XXV. Fondation de la colonie de Berbiche. Ses malheurs paſſés. Sa misère actuelle.

Cet établiſſement borné à l’eſt par la rivière de Corentin, & à l’oueſt par le territoire de Demerary, n’occupe que dix lieues de côte. Dans l’intérieur du pays, rien ne l’arrêteroit juſqu’à la partie des Cordelières connue ſous le nom de montagnes Bleues. Le grand fleuve qui lui a donné ſon nom embarraſſé à ſon embouchure par un banc de