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Les révolutions ſont les mêmes ſur la côte de quatre cens lieues qui s’étend depuis l’Amazone juſqu’à l’Orénoque. Par-tout ſe préſente ſur le rivage, un rideau de palétuviers, alternativement détruit & renouvelé par la vaſe & par le ſable. Derrière ce rideau, à quatre ou cinq cens pas, ſont des ſavanes noyées par les eaux pluviales qui n’ont point d’écoulement ; & ces ſavanes ſe prolongent toujours latéralement au rivage, dans une profondeur plus ou moins conſidérable, ſelon l’éloignement ou le rapprochement des montagnes.

Depuis l’origine des choſes, ces immenſes marais n’étoient peuplés que de reptiles. Le génie de l’homme, vainqueur d’une nature ingrate & rebelle a changé leur deſtination primitive. C’eſt au milieu de ces eaux croupiſſantes, infectes & bourbeuſes que la liberté a formé trois établiſſemens utiles, dont Surinam eſt le principal.

XXII. Établiſſement formé par les Hollandois, dans la Guyane, ſur le Surinam. Faits remarquables arrivés dans la colonie.

Les bords incultes de ce grand fleuve reçurent, en 1634, une ſoixantaine d’Anglois qui, autant qu’on peut le conjecturer, n’y reſtèrent que le tems néceſſaire pour recueillir le tabac qu’ils avoient ſemé à leur arrivée.