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loiſir les erreurs & les paſſions des hommes, qui vont, comme les flots de la mer, le pouſſer & ſe heurter ſur les riches côtes de l’Amérique, dont ils ſe diſputent & s’arrachent tour-à-tour les dépouilles & la poſſeſſion. C’eſt de-là qu’on voit au loin les nations de l’Europe venir porter la foudre au milieu des gouffres de l’océan, & ſous les ardeurs des tropiques, toujours brûlantes des feux de l’ambition & de la cupidité, ſe remplir d’or ſans jamais s’en raſſaſier ; amaſſer dans des flots de ſang ces métaux, ces perles, ces diamans, dont ſe couvrent ceux qui dépouillent les peuples ; ſurcharger d’innombrables navires de ces tonneaux précieux, d’où le luxe tire la pourpre, & où l’on puiſe les délices, la molleſſe, la cruauté, les vices. Le tranquille colon du rocher de Saba voit cet amas de folie, & file paiſiblement ſon coton.

XIX. Deſcription de l’iſle, partie Hollandoiſe & partie Françoiſe de S. Martin.

Sous le même ciel eſt Saint-Martin, qui a dix-ſept ou dix-huit lieues de circonférence, mais moins de terrein que cette dimenſion ne paroiſſoit l’indiquer, parce que ſes baies ſont multipliées & profondes. En pouſſant des ſables d’un cap à l’autre, l’océan a