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devoir encore groſſir la maſſe de cette puiſſance énorme, lorſque ſon ambition ſe heurta contre celle des Romains. À l’époque de ce terrible choc, il s’établit entre les deux nations une guerre ſi acharnée & ſi furieuſe, qu’il fut aisé de voir qu’elle ne finiroit que par la deſtruction de l’une ou de l’autre. Celle qui étoit dans la force de ſes mœurs républicaines & patriotiques, prit, après les combats les plus ſavans & les plus opiniâtres, une ſupériorité décidée ſur celle qui étoit corrompue par ſes richeſſes. Le peuple commerçant devint l’eſclave du peuple guerrier.

Le vainqueur reſta en poſſeſſion de ſa conquête, juſque vers le milieu du cinquième ſiècle. Les Vandales, pouſſés par leur première impétuoſité au-delà de l’Eſpagne dont ils s’étoient emparés, paſſèrent les colonnes d’Hercule, & ſe répandirent dans la Lybie comme un torrent. Sans doute ces conquérans y auroient maintenu les avantages de leur irruption, s’ils euſſent conſervé l’eſprit militaire que leur roi Genſeric leur avoit donné. Mais cet eſprit s’anéantit avec ce barbare, qui avoit du génie. La diſ-