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continueront à ſe conduire les unes envers les autres, de manière à n’en jouir jamais. Toutes voudront être heureuſes, & chacune d’elles voudra l’être ſeule. Toutes déteſteront également la tyrannie, & toutes l’exerceront ſur leurs voiſins. Toutes traiteront d’extravagance la monarchie univerſelle, & la plupart agiront comme ſi elles y étoient parvenues, ou comme ſi elles en étoient menacées.

Si je pouvois me promettre quelque fruit de mes diſcours, je m’adreſſerois à la plus inquiète, à la plus ambitieuſe d’entre elles, & je lui dirois :

« Je ſuppoſe que vous avez enfin acquis aſſez de ſupériorité ſur toutes les nations réunies, pour les réduire au degré d’aviliſſement & de pauvreté qui vous convient. Qu’eſpérez-vous de ce deſpotiſme ? combien de tems & à quel prix le conſerverez-vous ? que vous produira-t-il ?… La sécurité avec laquelle on eſt toujours aſſez riche ; la sécurité ſans laquelle on ne l’eſt jamais aſſez… & c’eſt ſincèrement que vous ne vous croyez pas en sûreté. Le tems des invaſions eſt paſſé, & vous le