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tres peuples ont, il eſt vrai, fondé des colonies floriſſantes : mais outre qu’ils n’étoient pas abrutis par trois ſiècles d’orgueil, de végétation & de pauvreté, ils ſe trouvoient dans des circonſtances différentes & plus favorables.

Heureux l’homme qui naît après l’extinction de cette longue ſuite d’erreurs, qui ont infeſté ſa nation ! heureuſe la nation qui s’éleveroit au centre des nations éclairées, ſi elle étoit aſſez ſage pour profiter & des fautes qu’elles auroient commiſes & des lumières qu’elles auroient acquiſes ! elle n’auroit qu’à jeter les yeux autour d’elle, pour y voir les matériaux épars de ſon bonheur, & qu’à s’incliner pour les recueillir. Un des principaux avantages qu’elle devroit, ſoit à la nouveauté de ſon origine, ſoit à ſa lenteur à travailler ou à ſa longue enfance, ce ſeroit à n’avoir point à ſe délivrer de ces vieux préjugés, que l’inexpérience des premiers inſtituteurs enfanta ; qui furent conſacrés par le tems, & qui ſe maintinrent contre la raiſon & les faits ; ſoit par la puſillanimité, qui craint toute innovation ; ſoit par l’orgueil qui craint de revenir