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François Drake, prendre & piller la capitale. Ceux des corſaires qui n’avoient pas de ſi grandes forces, ne manquoient guère d’intercepter les bâtimens qui étoient expédiés de ces parages, alors les mieux connus du Nouveau-Monde. Pour comble de calamité, les Caſtillans eux-mêmes ſe firent pirates. Ils n’attaquoient que les navires de leur nation, plus riches, plus mal équipés, plus mal défendus que tous les autres. L’habitude qu’ils avoient contractée d’armer clandeſtinement pour aller chercher partout des eſclaves, empêchoit qu’on ne pût les reconnoître ; & l’appui qu’ils achetoient des vaiſſeaux de guerre chargés de protéger la navigation, les aſſuroit de l’impunité.

Le commerce que la colonie faiſoit avec les étrangers, pouvoit ſeul la relever, ou empêcher du moins ſa ruine entière : il fut défendu. Comme il continuoit, malgré la vigilance des commandans, ou peut-être par leur connivence, une cour aigrie & peu éclairée prit le parti de raſer la plupart des places maritimes, & d’en concentrer les malheureux habitans dans l’intérieur des terres. Cet acte de violence jeta dans les eſ-