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moyens d’en étendre les progrès. Un enchaînement de cauſes plus funeſtes les unes que les autres, ruina ces eſpérances.

Le premier malheur vint du dépeuplement de Saint-Domingue. Les conquêtes des Eſpagnols dans le continent devoient contribuer naturellement à rendre floriſſante, une iſle que la nature paroiſſoit avoir placée pour devenir le centre de la vaſte domination qui ſe formoit autour d’elle, pour être l’entrepôt de ſes différentes colonies. Il en arriva tout autrement. À la vue des fortunes prodigieuſes qui s’élevoient au Mexique ou ailleurs, les plus riches habitans de Saint-Domingue méprisèrent leurs établiſſemens, & quittèrent la véritable ſource des richeſſes, qui eſt, pour ainſi dire, à la ſurface de la terre, pour aller fouiller dans ſes entrailles des veines d’or qui tariſſent bientôt. Le gouvernement entreprit en vain d’arrêter cette émigration. Les loix furent toujours éludées avec adreſſe, ou violée avec audace.

La foibleſſe, qui étoit une ſuite néceſſaire de cette conduite, enhardit les ennemis de l’Eſpagne à ravager des côtes ſans défenſe. On vit même le célèbre navigateur Anglois,