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habitans par des férocités que trois ſiècles n’ont pas fait oublier, ſe forma ſucceſſivement une population de quarante-quatre mille huit cens quatre-vingt-trois hommes, ou blancs, ou de races mêlées. La plupart étoient nus. Leurs maiſons étoient des cabanes. La nature ſeule ou preſque ſeule fourniſſoit à leur ſubſiſtance. C’étoit avec du tabac, avec des beſtiaux, avec ce que le gouvernement envoyoit d’argent pour l’entretien d’un état civil, religieux & militaire, que la colonie payoit les toiles & quelques autres objets de peu de valeur que les iſles voiſines & étrangères lui fourniſſoient clandeſtinement. Elle ne voyoit annuellement arriver de ſa métropole qu’un petit bâtiment dont la cargaiſon ne paſſoit pas dix mille écus, & qui reprenoit la route de l’Europe chargé de cuirs.

Tel étoit Porto-Rico, lorſqu’en 1765, la cour de Madrid porta ſon attention ſur Saint-Jean, port excellent même pour les flottes royales, & auquel on ne déſireroit que plus d’étendue. On entoura de fortifications la ville qui le domine. Les ouvrages furent ſur-tout multipliés vers une langue étroite

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