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tels. La commiſſion en fut donnée à un cacique nommé Broyoan.

Un haſard favorable à ſes deſſeins ayant conduit chez lui Salzedo, jeune Eſpagnol qui voyageoit, il le reçut avec de grandes marques de conſidération, & lui donna à ſon départ quelques Indiens pour le ſoulager dans ſa marche, & pour lui ſervir de guides. Un de ſes ſauvages le mit ſur ſes épaules pour traverſer une rivière, le jeta dans l’eau, & l’y retint avec le ſecours de ſes compagnons, juſqu’à ce qu’il ne remuât plus. On tira enſuite le corps ſur le rivage. Dans le doute s’il étoit mort ou s’il vivoit encore, on lui demanda mille fois pardon du malheur qui étoit arrivé. Cette comédie dura trois jours. Enfin la puanteur du cadavre ayant convaincu les Indiens que les Eſpagnols pouvoient mourir, on tomba de tous côtés ſur les oppreſſeurs. Cent furent maſſacrés.

Ponce de Léon raſſemble auſſi-tôt tous les Caſtillans qui ont échappé à la conſpiration. Sans perdre de tems, il fond ſur les ſauvages déconcertés par cette bruſque attaque. Leur terreur augmente à meſure que