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ſont ſolitaires. Leur piſtil devient un fruit charnu, droit, en forme de figue ou de poire qui contient un noyau très-dur, renfermant cinq ou ſix ſemences dans autant de loges. On trouve, dans toutes les parties de l’arbre & principalement entre le tronc & l’écorce, un ſuc laiteux, regardé comme un poiſon très-ſubtil qui rend l’exploitation & même l’approche de cet arbre très-dangereuſes. On ne repoſe point impunément ſous ſon ombrage, & l’eau qui dégoutte de ſes feuilles, après la pluie, occaſionne ſur la peau des ampoules, & y excite une vive démangeaiſon. Le ſuc du mancenillier eſt reçu dans des coquilles rangées autour des inciſions qu’on a faites à ſon tronc. Lorſque cette liqueur eſt un peu épaiſſie, on y trempe la pointe des flèches qui acquièrent la propriété de porter une mort prompte à tout être ſenſible, n’en fût-il que très-légèrement atteint. L’expérience prouve que ce venin conſerve ſon activité, même au-delà d’un ſiècle. De tous les lieux où ſe trouve cet arbre funeſte, Porto-Rico eſt celui où il ſe plaît le plus, où il eſt le plus multiplié. Pourquoi les premiers