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fait connoître que ce poiſon mêlé dans du ſang nouvellement tiré & tout chaud, l’empêchoit de ſe coaguler, & même retardoit ſa putréfaction. Il eſt vraiſemblable que c’eſt ſur le ſyſtême nerveux que ces ſucs agiſſent. Quelques voyageurs ont attribué l’origine du mal vénérien à l’uſage où l’on étoit dans le Nouveau-Monde de ſe nourrir du gibier tué avec ces armes empoiſonnées. Tout le monde ſait aujourd’hui qu’on peut faire un uſage habituel de ces viandes ſans inconvénient.

Dans les iſles de l’Amérique, on tire moins le poiſon des lianes que des arbres : mais de tous les arbres qui produiſent la mort, le plus dangereux eſt le mancenillier.

Cet arbre eſt aſſez élevé & croît communément ſur le bord des eaux. Il a le port & les feuilles du poirier. Son tronc d’un bois ferré, peſant, veiné, propre aux ouvrages de menuiſerie, eſt recouvert d’une écorce liſſe & tendre. Il porte deux eſpèces de fleurs. Les unes ſont mâles, diſposées en chatons aux extrémités des rameaux. Elles n’ont, dans chaque calice, qu’un filet ſurmonté de deux anthères. Les femelles