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la terre. L’eſprit de liberté qu’ils puiſeroient au berceau, les lumières & les talens qu’ils hériteroient de l’Europe, l’activité que leur donneroient de nombreux ennemis à repouſſer, de grandes populations à former, un riche commerce à fonder ſur une immenſe culture, des états, des ſociétés à créer, des maximes, des loix & des mœurs à établir ſur la baſe éternelle de la raiſon : tous ces reſſorts feroient peut-être d’une race équivoque & mélangée, la nation la plus floriſſante que la philoſophie & l’humanité puiſſent déſirer pour le bonheur de la terre.

S’il arrive quelque heureuſe révolution dans le monde, ce ſera par l’Amérique. Après avoir été dévaſté, ce monde nouveau doit fleurir à ſon tour, & peut-être commander à l’ancien. Il ſera l’aſyle de nos peuples foulés par la politique, ou chaſſés par la guerre. Les habitans ſauvages s’y policeront, & les étrangers opprimés y deviendront libres. Mais il faut que ce changement ſoit préparé par des fermentations, des ſecouſſes, des malheurs même ; & qu’une éducation laborieuſe & pénible diſpoſe les eſprits à ſouffrir & à agir.

Jeunes