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ou de la moindre quantité d’huile qui les ſalit. Si le feu a été trop pouſſé, la matière ſe réduit à un extrait noir & charbonneux, qui ne peut plus fournir de ſel eſſentiel. Si le feu a été trop modéré, il reſte une quantité conſidérable d’huiles étrangères, qui marquent le ſucre, le rendent gras & noirâtre ; de ſorte que quand on veut le deſſécher, il devient toujours poreux, parce que les intervalles qu’occupoient les huiles reſtent vuides.

Auſſi-tôt que le ſucre eſt refroidi, on le verſe dans des vaſes de terre faits en cône. La baſe du cône eſt découverte, ſon ſommet eſt percé d’un trou, & on fait écouler par ce trou l’eau qui n’a pu fournir des cryſtaux. C’eſt ce qu’on nomme le ſirop. Après l’écoulement, on a du ſucre brut. Il eſt gras, il eſt brun, il eſt mou.

La plupart des iſles laiſſent à l’Europe le ſoin de donner au ſucre les autres préparations néceſſaires pour en faire uſage. Cette pratique leur épargne des bâtimêns coûteux. Elle laiſſe plus de nouirs à employer aux travaux des terres. Elle permet de récolter ſans interruption deux ou trois mois