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quent-ils jamais d’en ſemer dans toutes les parties de leurs habitations, qui, dans d’autres mains, reſteroient incultes.

Cependant, le préſent le plus précieux que les iſles aient reçu de l’Afrique, c’eſt le manioc. La plupart des hiſtoriens l’ont regardé comme une plante originaire d’Amérique. On ne voit pas trop ſur quel fondement eſt appuyée cette opinion, quoique aſſez généralement reçue. Mais la vérité en fut-elle démontrée, les Antilles n’en tiendroient pas moins le manioc des Européens qui l’y ont tranſporté avec les Africains qui s’en nourriſſoient. Avant nos invaſions, la communication du continent de l’Amérique avec ces iſles étoit ſi peu de choſe, qu’une production de la terre-ferme pouvoit être ignorée dans l’archipel des Antilles. Ce qu’il y a de certain, c’eſt que les ſauvages, qui offrirent à nos premiers navigateurs des bananes, des ignames, des patates, ne leur préſentèrent point de manioc ; c’eſt que les Caraïbes, concentrés à la Dominique & à Saint-Vincent, l’ont reçu de nous ; c’eſt que le caractère des ſauvages ne les rendoit pas propres à une culture ſi ſuivie ; c’eſt que cette