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ou moins conſidérable. On donnera aux nouveaux citoyens une cabane avec un terrein ſuffiſant pour créer un petit jardin ; & ce ſera le fiſc qui fera la dépenſe de cet établiſſement, Aucun règlement ne privera ces hommes devenus libres de la faculté d’étendre la propriété qui leur aura été gratuitement accordée. Mettre ces entraves injurieuſes à leur activité, à leur intelligence, ſeroit vouloir perdre follement le fruit d’une inſtitution louable.

Cet arrangement produiroit, ſelon les apparences, les meilleurs effets. La population des noirs, actuellement arrêtée par le regret de ne donner le jour qu’à des êtres voués à l’infortune & à l’infamie, fera des progrès rapides. Elle recevra les ſoins les plus tendres de ces mêmes mères qui trouvoient ſouvent des délices inexprimables à l’étouffer ou à la voir périr. Ces hommes accoutumés à l’occupation dans l’attente d’une liberté aſſurée, & qui n’auront pas une poſſeſſion aſſez vaſte pour leur ſubſiſtance, vendront leurs ſueurs à qui voudra ou pourra les payer. Leurs journées ſeront plus chères que celles des eſclaves, mais elles ſeront auſſi plus fruc-