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L’homme n’a pas le droit de ſe vendre, parce qu’il n’a pas celui d’accéder à tout ce qu’un maître injuſte, violent, dépravé pourroit exiger de lui. Il appartient à ſon premier maître, Dieu, dont il n’eſt jamais affranchi. Celui qui ſe vend fait avec ſon acquéreur un pacte illuſoire : car il perd la valeur de lui-même. Au moment qu’il la touche, lui & ſon argent rentrent dans la poſſeſſion de celui qui l’achète. Que poſſède celui qui a renoncé à toute poſſeſſion ? Que peut avoir à ſoi, celui qui s’eſt ſoumis à ne rien avoir ? Pas même de la vertu, pas même de l’honnêteté, pas même une volonté. Celui qui s’eſt réduit à la condition d’une arme meurtrière, eſt un fou & non pas un eſclave.

L’homme peut vendre ſa vie, comme le ſoldat ; mais il n’en peut conſentir l’abus, comme l’eſclave : & c’eſt la différence de ces deux états.

Mais ces eſclaves avoient été pris à la guerre, & ſans nous on les auroit égorgés.

Sans vous, y auroit-il eu des combats ? Les diſſenſions de ces peuples, ne ſont-elles pas votre ouvrage ? Ne leur portez-vous pas des armes meurtrières ? Ne leur inſpirez--