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brillant & mal-ſain. L’intérêt, fertile en expédiens, imagina d’aller demander des cultivateurs à l’Afrique, qui a toujours été dans l’uſage vil & inhumain de vendre ſes habitans.

L’Afrique eſt une région immenſe qui ne tient à l’Aſie que par une langue de terre de vingt lieues, qu’on nomme l’iſthme de Suez ; lien phyſique & barrière politique, que la mer doit rompre tôt ou tard, par cette pente qu’elle a de faire des golfes & des détroits à l’Orient. Cette preſqu’iſle, coupée par l’équateur en deux parties inégales, forme un triangle irrégulier, dont un des côtés regarde l’Orient, l’autre le Nord, & le troiſième l’Occident.

II. Notions ſur la côte orientale de l’Afrique.

Le côté oriental, qui s’étend depuis Suez juſqu’auprès du cap de Bonne-Eſpérance, eſt baigné par la mer Rouge & par l’océan. L’intérieur du pays eſt peu connu ; & ce qu’on en fait ne peut intéreſſer, ni l’avidité du négociant, ni la curioſité du voyageur, ni l’humanité du philoſophe. Les miſſionnaires même, qui avoient fait quelques progrès dans ces contrées, ſur-tout dans l’Abiſſinie, rebutés par les traitemens