la force ou des conventions, a perdu la propriété de ſa perſonne, & dont un maître peut diſpoſer comme de ſa choſe.
Cet odieux état fut inconnu dans les premiers âges. Les hommes étoient tous égaux : mais cette égalité naturelle ne dura pas long-tems. Comme il n’y avoit pas encore de gouvernement régulier établi pour maintenir l’ordre ſocial ; comme il n’exiſtoit alors aucune des profeſſions lucratives que le progrès de la civiliſation a introduites depuis parmi les nations, les plus forts ou les plus adroits s’emparèrent bientôt des meilleurs terreins, & les plus foibles ou les plus bornés furent réduits à ſe ſoumettre à ceux qui pouvoient les nourrir ou les défendre. Cette dépendance étoit tolérable. Dans la ſimplicité des anciennes mœurs, il y avoit peu de diſtinction entre un maître & ſes ſerviteurs. Leur habillement, leur nourriture, leur logement n’étoient guère différens. Si quelquefois le ſupérieur impétueux & violent, comme le ſont généralement les ſauvages, s’abandonnoit à la férocité de ſon caractère, c’étoit un acte paſſager, qui ne changeoit pas l’état habituel des