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les Européens, leur ouvrira peut-être les yeux. Leur ſenſibilité ſera réveillée par des intérêts mieux raiſonnés. Ils connoîtront qu’ils perdent plus qu’ils ne gagnent à outrager perpétuellement l’humanité ; & s’ils ne deviennent pas les bienfaiteurs de leurs eſclaves, du moins ceſſeront-ils d’en être les bourreaux.

On les verra peut-être ſe déterminer à rompre les fers des mères qui auront élevé un nombre conſidérable d’enfans, juſqu’à l’âge de ſix ans. Rien n’égale l’appât de la liberté ſur le cœur de l’homme. Les négreſſes animées par l’eſpoir d’un ſi grand avantage, auquel toutes aſpireroient, & auquel peu parviendroient, feroient ſuccéder à la négligence & au crime, la vertueuſe émulation d’élever des enfans, dont le nombre & la conſervation leur aſſureroit un état tranquille.

Après avoir pris des meſures ſages pour ne pas priver leurs habitations des ſecours que leur offre une fécondité preſque incroyable, ils ſongeront à nourrir, à étendre la culture par la population, & ſans moyens étrangers. Tout les invite à établir ce ſyſtême facile & naturel.