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qu’on leur prépare, frappés du préjugé que les Européens les mangent & boivent leur ſang ; l’ennui ſeul leur donne la mort, ou leur cauſe des maladies qui deviennent contagieuſes par l’impoſſibilité où l’on ſe trouve de séparer les malades de ceux qui ne le ſont pas. Un petit navire deſtiné à porter deux ou trois cens nègres, évite par le peu de séjour qu’il fait à la côte, la moitié des accidens & des pertes qu’éprouve un navire de cinq ou ſix cens eſclaves.

Il eſt d’autres abus, des abus de la dernière importance, à réformer dans cette navigation naturellement peu ſaine. Ceux qui s’y livrent font communément deux fautes capitales. Dupes de leur avidité, les armateurs ont plus d’égard au port qu’à la marche de leurs vaiſſeaux ; ce qui prolonge néceſſairement des voyages, dont tout invite à abréger la durée. Un autre inconvénient plus dangereux encore, c’eſt l’habitude où l’on eſt de partir d’Europe en tout tems ; quoique la régularité des vents & des courans ait déterminé la ſaiſon convenable pour arriver dans ces parages.

Cette mauvaiſe pratique a donné naiſſance