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père dans les lieux où l’on devoit s’aſſembler. La, il les inſtruiſoit des principaux myſtères de la religion ; il les exhortoit à la régularité des mœurs, à l’amour de la juſtice, à la charité fraternelle, à l’horreur du ſang humain, & les baptiſoit.

Comme ces miſſionnaires étoient en trop petit nombre pour tout faire par eux-mêmes, ils envoyaient ſouvent à leur place les plus intelligens d’entre leurs Indiens. Ces hommes, fiers d’une deſtination ſi glorieuſe, diſtribuoient des haches, des couteaux, des miroirs aux ſauvages qu’ils trouvoient ; & leur peignoient les Portugais doux, humains, bienfaiſans. Ils ne revenoient jamais de leurs courſes, ſans être ſuivis de quelques Bréſiliens, dont ils avoient au-moins excité la curioſité. Dès que ces barbares avoient vu les Jéſuites, ils ne pouvoient plus s’en séparer. Quand ils retournoient chez eux, c’étoit pour inviter leurs familles & leurs amis à partager leur bonheur ; c’étoit pour montrer les préſens qu’on leur avoit faits.

Si quelqu’un doutoit de ces heureux effets de la bienfaiſance & de l’humanité ſur des peuples ſauvages, qu’il compare les peu-