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qui fait tout dans la Grande-Bretagne, il se trouva tel que les circonstances l’exigeoient. Guillaume Pitt avoit la passion des grandes choses, une éloquence sûre d’entraîner les esprits, le caractère entreprenant & ferme. Il avoit l’ambition d’élever la patrie au-dessus de tout, & de s’élever avec elle.

Son enthousiasme transporta une nation, qu’au défaut de son climat, sa liberté passionnera toujours. On saisit un amiral, qui avoit laissé prendre l’isle de Minorque ; on le jette dans les fers, on l’accule, on le juge, on le condamne. Ni son rang, ni ses talens, ni sa famille, ni ses amis, ne peuvent le sauver de la sévérité de la loi. Le mât de son vaisseau lui sert d’échafaud. L’Europe entière, en apprenant cet événement tragique, fut frappée d’un étonnement mêlé d’admiration & d’effroi. On se crut ramené, au tems des républiques anciennes. La mort de Bing, coupable ou non, annonçoit d’une manière terrible à ceux qui servoient la nation, le sort qui les attendoit, s’ils trahissoient la confiance qu’on avoit en eux. Il n’y en eut aucun qui ne se dit au fond de son cœur dans le moment du combat :