Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/358

Cette page n’a pas encore été corrigée

démêlé le piège. Nous ne balancerons pas même à aſſurer que ces deux hommes d’état n’avoient aucune vue d’agrandiſſement. Mais auroient-ils trouvé la même profondeur de politique dans le conſeil, auquel ils devoient compte de leurs opérations ? C’eſt ce qu’on n’oſe décider. En général tous les gouvernemens du monde ſont portés à s’étendre, & celui de France eſt de nature à le déſirer.

Quoi qu’il en ſoit de ces réflexions, il faut avouer que l’eſpérance des deux miniſtres François qui avoient décidé la paix, fut trompée. Le principal objet de leurs démarches avoit été la conſervation des colonies menacées, & l’on perdit de vue cette ſource d’une opulence illimitée, auſſi-tôt que le danger fut paſſée. La France garda des troupes ſans nombre, négocia des ligues dans le nord & dans le midi de l’Europe, ſoudoya une partie de l’Allemagne, ſe conduiſit comme ſi un nouveau Charles-Quint eût menacé ſes frontières, ou ſi un autre Philippe II eût pu bouleverſer l’intérieur de ſon pays par ſes intrigues. Elle ne vit pas qu’elle avoit une prépondérance décidée dans le continent ; qu’il n’y avoit point de