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négociation, arraché des mains des François ce que les malheurs de la guerre lui avoient fait perdre. N’auroit-elle pas été plus habile ou plus heureuſe, ſi elle eût laiſſé à ſon ennemi une partie de ſes conquêtes ? Il eſt paſſé ce tems, où la maiſon d’Autriche égaloit, ſurpaſſoit peut-être les forces de la maiſon de Bourbon. Sa politique eſt donc d’intéreſſer les autres puiſſances à ſon ſort, même par ſes pertes. Elle le pouvoit en faiſant des ſacrifices apparens à la France. L’Europe, alarmée de l’agrandiſſement de cette monarchie qu’on eſt porté à haut, à envier, à redouter, auroit repris contre elle cette haine qu’on avoit vouée à Louis XIV ; & des ligues plus redoutables que jamais devenoient la ſuite néceſſaire de ces ſentimens. Cette diſpoſition univerſelle des eſprits étoit plus propre à relever la grandeur de la nouvelle maiſon d’Autriche, que le recouvrement d’un territoire éloigné, borné & toujours ouvert.

On doit, il eſt vrai, avoir aſſez bonne opinion du plénipotentiaire François qui conduiſoit la négociation, & du miniſtre qui la dirigeoit, pour penſer qu’ils auroient